Abstraction lyrique, peinture abstraite, c’est quoi un artiste ???? c’est qui Bruno Carésio ?? Face à la récurrence de cette question, face à l’exercice obligée de la présentation, j’ai l’envie de répondre tout simplement un être humain, c'est-à-dire un artiste.
A s’arracher les cheveux à devenir fou, folle en l’occurrence, ce dialogue avec cette peinture là, cette matière, [la pâte.] Il y a cette matière sur la toile et ce n’est pas n’importe quelle matière.
Si d’aucuns, si le premier venu s’empare des brosses et des toiles, le résultat ne sera pas le même, j’en donne ma main à brûler, ma tête à couper.
La peinture n’est pas une recopie mais une vibration. Elle dit l’âme de celui qui l’exécute. La peinture est une projection de l’intérieur vers l’extérieur.
L’équilibre des formes, le geste à en crier comme l’aurait si bien écrit notre chère Marguerite, ce geste inscrit dans la peinture et s’inscrivant par la même dans l’histoire de la peinture.
Face aux toiles de Bruno Carésio l’on peut faire le choix de se laisser absorber, engloutir pour se dissoudre dans les confins, ceux du corps et de l’espace.
Nous pouvons aussi faire fi de cela, après tout, qui peut le plus peut le moins, et choisir d’installer les toiles sur les murs comme de simples objets de décoration auxquels l’on ne prête plus attention.
Non, les œuvres sont vivantes après en avoir absorbé la substantifique moelle, les avoir oubliées peut-être, puis redécouvertes. Autrefois choisies pour asseoir une surface sociale ou bien sans en rougir le moins du monde (quoique) parce qu’elles s’assortissaient avec le canapé et non le contraire.
L’art abstrait dont on se lasserait, que nenni ! L’art abstrait un snobisme, nous connaissons la ritournelle, s’en éloigner, revenir aux toiles de Bruno Carésio.
S’approcher, les regarder dans le détail, dans l’âme même de la matière
Nombre d’artistes au rang desquels Matisse et Picasso ont exprimé que peindre demande du courage. En effet, face à la toile il faut prendre ses responsabilités, ne pas minauder, ne pas tergiverser, y aller franchement, férocement, intensément, hardiment.
Il s’agit d’un combat, d’une tension entre ce qui est donné (le flux) et la maitrise, garder la maitrise sur le flux, trancher en une pénultième de seconde entre ce qui va être consigné sur la toile et ce qui va être rejeté.
Bruno Carésio travaille en équilibre sur ce fil de peinture, dans ces moments là, il refuse d’être sous le regard de quiconque. Ce moment lui appartient, il relève de l’intime, de la profondeur, des abysses, les entrailles du cerveau ai-je coutume de dire (quand je présente son travail) afin de rendre compte tout à la fois de la tripaille et du cérébral, les tripes posées (non pas sur la table) mais sur la toile.